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Hors séries ... #MacronLeaks : Etudiant-e-s, ça va chier

On a souvent reproché à Emmanuel Macron d’avoir peu insisté sur son programme pendant les dernières élections présidentielles. Les détails de ce denier étaient bien cachés. Et pour cause ! Les étudiant.e.s, vous allez en chier. Bienvenue dans le merveilleux monde néolibéral de Macron, où marketing, augmentation des frais d’inscriptions et combines sont sacrés.


Note : Nous prenons le parti que ces documents sont authentiques, que les acteurs cités sont réels et que le programme développé est très cohérent avec l’ensemble de la politique générale que le nouveau président de la République souhaite mener. Pour beaucoup, cet article ne sera donc pas une grande surprise et nous y apprenons rien de plus que ce que certain.e.s connaissaient déjà : Macron est un président néolibéral qui s’inscrit en parfaite continuité avec les politiques de ces 15 dernières années.

Nous nous sommes principalement concentrés sur les échanges de mails entre Mr Quentin Lafay, conseiller d’Emmanuel Macron et Mr Thierry Coulhon conseiller enseignement supérieur et président de l’Université Paris Science et Lettres. (Le fichier pesant plus de 11 GO, nous avons tout simplement tapé le mot clef « Coulhon » dans notre barre de recherche).


Inspiration Filloniste


Premièrement, nous apprenons qu’un groupe de travail autour du programme sur l’enseignement supérieur a commencé à se réunir début octobre 2016, ce qui est tout à fait normal lors d’une campagne présidentielle. Les équipes de candidat.e.s se réunissent et font des contributions plus ou moins détaillées. Ce qui nous a frappé dans le cas du programme En Marche, c’est le gouffre entre le programme flou de Macron présenté officiellement, et le programme détaillé tapi dans l’ombre. A posteriori, il est dommage qu’on ne connaisse le programme d’Emmanuel Macron qu’après l’élection et par des biais d’information détournés. Cela aurait très certainement pu faire l’objet d’un débat intéressant.




Au milieu de courriels banals, nous avons porté notre attention sur un document datant du 28 novembre 2016, soit pendant la campagne des primaires de droite. Le document analyse le programme de Fillon en matière d’enseignement supérieur.




Sélection à l’entrée de l’université, augmentation des droits d’inscription, bourses au mérite, un vrai programme de droite exhumé des archives du feu-RPR et sa loi Devaquet de 1984. Mais qu’en pense notre conseiller spécial et de droite et de gauche ? Et bien « pour le moment, il aime bien ».


Vive la croissance ! Des frais d'inscriptions ... Ah !


Cependant, un autre rapport qui est bien plus intéressant encore : celui d’Alain Trannoy, économiste membre du cercles des économistes (orienté très libéral … enfin dîtes plutôt : et de gauche et de droite). Celui-ci préconise dans deux notes envoyées à l’équipe d’Emmanuel Macron :

« Contribution des familles à l’enseignement supérieur à travers des droits d’inscription différés et des prêts à remboursement contingent : Modalités concrètes » et « Financement des droits d’inscription : prêt à remboursement contingent ou redevance universitaire »


Celui-ci justifie donc une augmentation des droits d’inscriptions, mais pour mieux faire passer la pilule, il invente une nouvelle taxe en partenariat avec les banques commerciales : le PARC (prêt à remboursement contingent. Il s’agit donc d’un prêt à rembourser APRES les études, contracté auprès d’une banque et sur lequel l’Etat se porte garant. Il précise cependant que « La durée du remboursement est longue et peut s’étendre à toute la durée de la vie professionnelle jusqu’à la retraite » (on en demandait pas tant).


A la suite du document, il explique : « Il nous semble logique, dans une perspective d’une montée en charge progressive du système, de commencer par mettre en œuvre une des deux solutions pour le M du LMD […] Un plafonnement de droits d’inscription de 5000 € par an en master, en laissant la liberté aux établissements d’enseignement supérieur publics de les instaurer ou non. Un seuil de remboursement fixé chaque année au revenu médian ou au revenu moyen. ». La liberté. Nous aimons beaucoup ce mot. Actuellement, les frais d’inscriptions sont fixé annuellement par le ministère, précisément à 184€ pour une licence, 256€ pour un master. Vive la croissance des frais d’inscriptions ! + 1850% de croissance, à faire envier n’importe quel politique ! D’ailleurs notre économiste prend le soin de préciser que si toutes les universités françaises atteignaient le plafond de 5000€, cela rapporterait 2,5 milliards d’€ en plus. Soit le chiffre prévu d’augmentation des recettes de l’ESR dans la note comparative du programme de Fillon. Car il faut contextualiser la situation des universités françaises. L’Etat les sous-finance, dans une politique de réduction des dépenses publiques, et le pic du baby-boom des années 2000 arrive sur les bancs dans à peine 2 ans. Les universités, dont les membres des Conseils d’Administration sont principalement des professeurs, des représentants de l’Etat et des collectivités, parfois le MEDEF, augmenteront les droits d’inscriptions et ne se priveront pas de cette manne au nom de « l’attractivité internationale » de leurs universités.



D’ailleurs concernant l’attractivité internationale, nos conseillers ont de bonnes idées : renommer nos facs ! Dans notre fac on préfèrerait la renommer Poudlard, peut-être que le budget apparaitrai comme par magie ! Bref, vous avez aimé la campagne marketing, voici le quinquennat marketing. Cela démontre à quel point Macron et son équipe veulent lâcher nos universités dans la jungle du marché, de la concurrence.


Droits des étudiant-e-s ? Késako ?


En parlant d’argent, nous nous sommes demandé combien nous gagnerons ? Va-t-on enfin avoir des bourses dont les critères d’attribution sont autres choses que les revenus des parents ? Dans une note de Jean-Baptiste Mougel, ex-président de la FAGE (organisation étudiante dont nous dirons quelques mots après), « il s’agira de fusionner le système des bourses et le système des aides au logement de la CAF ». Comprendre : suppression des APL pour les non-boursiers.


Du coup, il nous propose tout de même quelque chose, nous étudiant.e.s, dont 70% d’entre nous ont déjà travaillé au moins un mois cette année pour financer nos études ?


Ainsi Jean-Baptiste développe des pistes de réflexion pour « mieux valoriser le travail étudiant ». Par exemple créer des emplois d’étudiants dans les établissements d’enseignements supérieur (ça existe déjà mais c’est lui le syndicaliste étudiant, il semble savoir mieux que nous).



Ainsi il propose d’élargir les horaires de la BU la nuit et le week-end, non pas pour y réviser, mais pour y travailler ! La société libérale dans toute sa splendeur en somme.










Après cette révélation, qui n’en est surement pas une pour certain.e.s qui s’attendaient grosso modo à ce genre de programme, on peut légitimement se demander comment ils allaient mettre en place ce genre de politiques, dont l’histoire a démontré qu’elles étaient systématiquement voire violemment désavouées par les jeunes. (Mai 1968, 1984 et la loi Devaquet, 2006 et le CPE).


Oeil pour Oeil, Loi pour Loi


Des ordonnances ? Des 49.3 ? Voyons donc ce que nous apprend le reste des échanges électroniques.


Notre cher conseiller propose donc de « construire une autre alliance en face chez les étudiants, et ça ne peut être que la FAGE ». Alors la FAGE c’est quoi ? Une fédération d’associations d’étudiants dont la principale victoire s’illustre par l’accord sur la Loi Travail.







Ainsi JBM presse Emmanuel Macron pour que Jimmy Losfeld (actuel président de la FAGE) rentrent en contact.

Et « c’est important : on s’en félicitera au moment où on aura besoin d’eux pour passer les réformes »

Vassaliser les organisations étudiantes, quelle incroyable renouvellement de la politique !

Pour terminer, voici l’échange électronique entre Jimmy Losfeld et le conseiller de Macron. Vous remarquerez la belle pirouette Macronienne sur la question des droits d’inscriptions.


Le savoir est une arme ; ce programme dangereux laissera de nombreux étudiants sans défense face au monde du travail et de leur vie d’adulte. Je conclurai donc cet article avec les mêmes mots que ce brave Jimmy « cela ferait de belles images pour EM ».



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