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Musique au logis : Ghost

“Mais c'est quoi ce nouveau groupe de Black Metal suédois, on va encore rien comprendre aux paroles et ça va avoir un son enregistré avec un lecteur cassette Playskool ! (NDLR : mais si vous savez bien ce que c'est, ces gros machins qu'on avait tous, de toute les couleurs et dont le son ressemble plus à des gargouillis intestinaux qu'à une qualité Bose !)”


Voilà ce que je me suis dit, en 2012, quand j'ai entendu parler de Ghost. Il faut dire que leur look est assez atypique. Six musiciens, dont cinq habillés de grande robes de cérémonies religieuses et aux visages masqués, nommés simplement les “Nameless Ghouls” (en français, les Goules Sans Noms), s'occupant des deux guitares, de la basse, de la batterie et du synthétiseur, mais surtout, un chanteur habillé en Pape zombifié, du nom de Papa Emeritus. Ajoutez à cela des visuels détournants la religion catholique et ses codes, pour proner un satanisme explicite (il n'y a qu'à voir leur logo et lire leurs paroles pour comprendre), et vous obtenez exactement ce que je déteste d'habitude. Et pourtant, comme beaucoup, je n'ai jamais eu aussi tort de ma vie. À tel point qu'à la sortie de l'écoute de l'album Infestissumam (2013), il m'a fallu du temps pour réaliser que j'avais écouté un des meilleurs CD de toute ma vie.


Bon, reprenons depuis le début pour ceux qui ne connaissent pas du tout le sextuor. Ghost est un groupe de Doom Rock, formé en 2008 par des inconnus suédois. Car oui, la grande force du groupe, à l'instar d'un Slipknot des débuts, c'est l'anonymat des musiciens qui le compose.


Ainsi, en 2010, sort Opus Eponymous, le premier effort du groupe. On distingue déjà l'ambiance générale et l'esprit de la musique des six loustiques, avec des riffs et des rythmiques simples et entêtantes, une voix à tomber par terre, des instrumentations claires renforcées de gros synthés qui sentent bon le rock psychédélique des années 60/70 (Coucou The Beatles !). Mais le charme du combo, c'est avant tout son ambiance cérémoniale, c'est assez simple, on se croirait en pleine messe dérivée : passages en latin (Con Clavi Con Dio), paroles faisant l'apologie de Satan (Stand By Him, Ritual). Le groupe baigne dans une ambiance volontairement provocatrice, et avec un petit côté kitch le rendant irrésistible. De plus, on sent déjà l'amour de Ghost pour les reprises, car sur certaines versions du CD, on peut trouver un cover de Here Comes The Sun (et oui, la référence aux Beatles plus haut, c'était voulu ! Habile non ?). La durée du disque est de 40min environ.

Cependant, c'est avec Infestissumam en 2013 que le groupe explosera au niveau mondial, et par la même, sortira un des meilleurs albums de l'Histoire ! (Oui, j'exagère peut être un peu). S'ouvrant sur une intro tout en latin (Infestissumam), puis alternant entre mélodies entrainantes (Per Aspera Ad Inferi, Body And Blood), soli tout droit sortis des années 70 (Secular Haze), et morceaux plus ambiants (Ghuleh / Zombie Queen), et se terminant sur LA chanson du groupe, celle qui vous fait frissonner, celle qui va finir de vous soumettre à Papa : Monstrance Clock. Une seule chose à dire : foncez écouter cet album, c'est une nécessité médicale à ce niveau là. L'album est d'ailleurs plus accessible pour les “non-metalleux”, car plus proche du Rock psyché. Cette fois, la durée est d'environ 50min.


La même année sort un EP (Extended Play), If You Have Ghost, composé de quatre reprises (dont une de Abba quand même, n'oublions pas qu'ils sont suédois), restant dans la même ligne que l'album, ainsi qu'un enregistrement live de la chanson Secular Haze. Il ne faudra que 25min pour le dévorer entièrement.


Et tous récemment, Ghost nous à pondu un bon petit CD du nom de Meliora (2015). S'ouvrant sur un trio gagnant (Spirit, From the Pinnacle To The Pit et Cirice) et continuant dans le Doom qu'on leur connait maintenant, il est assez drôle de noter la présence de la chanson He Is, une ode à Lucifer très Pop, qui pourrait facilement passer sur les radios mondiales, sans ces paroles volontairement provocantes (les premières notes rappellent Simon & Garfunkel). Pour une durée de 42min, ça reste assez digeste (voir même un peu court, mais on se console en relançant l'album dans son lecteur !). Il se veut toutefois un peu plus “agressif” que son ainé (même si le terme “agressif” n'est pas vraiment approprié pour un groupe comme ça.)



Pour finir, j'aimerais souligner que certains d'entre vous les auront peut-être déjà vu sans le savoir au festival Rock en Seine 2015 (s'il était motivé d'aller voir l'ouverture le vendredi à 15h, une hérésie pour un groupe pareil, usant de jeux de lumière très travaillés et subtils), et vous conseillez de foncer les voir en concert quand vous en aurez l'occasion, les six apôtres de Belzebuth appréciant fortement nos contrés françaises.


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