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Previously on ... Sicario

C’est l’histoire d’un film coincé entre deux genres. C’est l’histoire d’une femme coincée entre deux pays. Si la dualité n’est évidemment pas le thème du film, elle est parti prenante de la forme finale du dernier film de Denis Villeneuve. Après le coup d’éclat de Prisoners et le cryptique Enemy, le québécois Denis Villeneuve poursuit sa carrière américaine avec Sicario, peignant des Etats-Unis et un Mexique happé par la violence des narcotrafiquants.

Le repère du film, c’est Kate Macer, jouée par Emily Blunt, qui en tant qu’agent du FBI va devoir se faire une place dans l’élite de la lutte contre le narcotrafic juste à l’occasion d’une affaire qu’elle prend pour personnel. En la prenant pour repère moral pour les spectateurs, Villeneuve fait parler une Amérique idéaliste et au courant des problèmes sociaux qui la concernent. Mais elle traversera le récit avec difficulté et se fera même évincée du climax final, ce qui donnera lieu à une réplique assez navrante dans la dernière scène la concernant. On notera aussi un Benicio Del Toro en dessous et assez oubliable, avec un personnage très limité qui aurait nécessité un peu plus de profondeur. Le sous-jeu ne marche pas toujours à chaque fois, tout le monde n’est pas Javier Bardem, et Villeneuve n’est pas un frère Coen.

Le principal problème du film est son manque de ligne directrice, et donc de la sous utilisation d’éléments mis en avant parfois dès le début du film. Malgré tous ces défauts, Villeneuve réussit des scènes mémorables et originales, narrant un passage de tension du film avec des images de found footages ou prises par satellite. La force du film réside dans sa photographie superbe, certains plans semblant tout droit sortis d’un film de guerre moderne, dans un orient lointain.

Moins maitrisé et moins riche que les deux précédents films de Villeneuve, Sicario contentera le bon public friand de thriller, mais rebutera les plus difficiles déjà habitués aux chefs d’œuvre du genre comme Se7en ou Collateral. La scène finale mettra le spectateur face à l’éternel mythe de Sisyphe, et à cette ultime question, Sicario : film d’action assez soft ou thriller convenu ?


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