Previously on ... The Lobster
La société dystopique est maintenant devenue l’arme ultime des scénaristes en mal d’inspiration, il suffit de contempler la myriade de romans pour ados qui offrent un pouvoir totalitaire tout propre, et à aucun moment subversif. Reprendre des éléments de 1984 ne fait pas forcément une bonne histoire. Le grec Yórgos Lánthimos lui ne se repose pas sur des clichés. Il propose un monde absurde où les personnes célibataires seraient traquées, et transformées en l’animal de leur choix si ils ne trouvent pas de partenaire sous 45 jours au sein d’un hôtel.
Par ce scénario surréaliste de compétition, on tient peut-être le film le plus étrange de l’année, et peut-être même le plus triste. Le rapprochement avec notre société est facile, des gens sortent parfois ensemble pour ne pas être seuls, pour faire comme tout le monde. David, joué par Colin Farrell, vient de se faire quitter par sa femme après des années de vie commune. Il doit donc se rendre à l’hôtel, mais après quelques temps décide de s’enfuir dans la forêt rejoindre un groupe de résistants. Ce groupe mené d’une main de fer d'une Léa Seydoux inspirée applique l’opposé de l’autre monde, les relations amoureuses y sont interdites.
Ce qui pèse le plus, que l’on soit dans la forêt des résistants, dans l’hôtel ou dans la ville, c’est le malaise constant des dialogues, des interactions. Impossible de prendre le film au premier degré, et peut-être même au second. Lánthimos nous livre un film qui nous déstabilise, fallait-t-il vraiment en rire ou en pleurer ? Toute la question est là.