Previously on ... Spectre
La saga James Bond va surement nous survivre, elle traversa sans doute encore des moments de crise, de renaissance, d’apogée et d’impasse. Pour Spectre, il s’agit de relever le défi d’arriver après la vague Skyfall, véritable succès critique et public. La tache est évidemment ardue, il fallait donc appeler l’organisation criminelle majeure de la série en renfort.
Si toute la communication du film s’est basée sur le Spectre, ce dernier sera cependant presque en dehors des enjeux réels de l’œuvre. On est certes loin du cas du très sous-estimé Iron Man 3 et du personnage du Mandarin, mais l’idée est la même. La forme reviendra ici au très classique et efficace Bond contre l’ennemi principal et un de ses hommes de main ultraviolents. L’ancien catcheur Dave Bautista hérite de ce rôle, aussi muet que puissant. C’est Christoph Waltz qui lui, décevra un peu, n’ayant ici pas la moitié du charisme de Javier Bardem dans Skyfall. On se demandera presque pendant tout le film si il n’est pas lui-même un vulgaire homme de paille, contrôlé par plus puissant que lui.
On notera aussi le rôle important d’Andrew Scott mais finalement assez banal de magnat de la surveillance mondiale généralisée. Car le thème est ici clair, et fait écho aux affaires d’écoutes généralisées et au cas Edward Snowden. Ce Bond met l’accent sur toutes les qualités et les défauts des films de la série, se moquant même à certains moments des clichés et gimmicks propres à la saga. Il s’agit donc de se demander si la série n’arrive pas dans une impasse, elle qui propose des scènes d’actions dantesques (la première scène du film étant un cas d’école) mais aussi des personnages féminins parfois écrits à la truelle (cf. Monica Bellucci). Si Nolan et sa vision réaliste de Batman en a inspiré plus d’un, il va falloir un jour ou l’autre repenser les codes de cette saga.
James Bond est toujours vivant et n’est pas intouchable, tout comme ne l’est pas la franchise des Mission Impossible, où Tom Cruise côtoie des partenaires féminins qui semblent bloquées dans la trentaine. Il est habile de louer l’âge de Bellucci pendant la promo mais triste de ne pas remarquer sa sous utilisation. Ici c’est une Léa Seydoux impeccable qui campera le rôle féminin fort du film.
Une des plus vieilles franchises du cinéma existe encore, et il en faudra toujours plus pour exister. Aux studios maintenant de réfléchir à l’avenir de la saga, sous peine d’être aussi ringarde que les difficiles derniers films de l’ère Brosnan.