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Musique au logis : Rap and Revenge


Je vous avouerais que je ne n’y connais pas grand-chose au monde du Rap français, tout au plus quelques groupes ou artistes comme NTM, Mc Solaar ou Zebda, et encore moins au côté underground du style. Mais il a bien un label que je considère comme une référence trop méconnue : Rap And Revenge. C’est une relation de longue date que j’entretiens avec lui, maintenant agé 20 ans, il me suit depuis mes 13 printemps. Attention cependant, les sons que vous trouverez en vous penchant sur cette maison de disques ne sont pas à mettre dans toutes les oreilles ! Si vous vous attendez à une musique que j’aime à qualifier de « Rap Skyrock », alors lâchez tout de suite l’affaire, vous risquez de finir en position fœtale sous votre lit. Sombre, dépressive, engagée, morbide et indépendante, voici des adjectifs qui conviennent pour définir le style des rappeurs et groupes de Rap And Revenge. Alors vous vous doutez qu’en tant que personne assez désabusée et fan des univers malsains de certains groupes de Metal extrême ou autres films d’horreurs, je ne pouvais que tomber sous le charme de ce style si particulier.


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Le label est l’initiative d’un homme : VII (Sept). Commençant dans le monde de la musique dans les années 90, c’est en 2005 qu’il formera le label Sonatine Musique, qui deviendra plus tard Rap And Revenge, pour permettre la parution des CD de quelques camarades comme Fayçal ou Dajoan Mélancolia, ainsi que de son premier album solo en 2007, Les Jardins Macabres. Avec ça, et des participations à quelques splits ou compilations, VII forge son style, et l’appose de façon indélébile au label. Mélangeant des textes gores, des références littéraires, musicales et cinématographiques, ainsi que des prises de position affirmées et engagées par rapport au monde et à la société contemporaine, les lyrics ne vous laisserons pas indifférent-e-s.

En 2012, VII décide de participer au lancement, via le label, d’un groupe qui m’a personnellement beaucoup marqué, 1984. Mais bien plus que de produire le premier album Le Théâtre des Pantins, VII participe à l’écriture et apparait dans plusieurs morceaux. Malheureusement, le groupe ne sortira qu’un deuxième album (Atrophie) en 2013, puis se séparera, suite à un « désaccord personnel » avec le chanteur du combo, Hostile.

Un autre point fort de VII, c’est le beatmaker avec qui il collabore, nommé DJ Monark (ce dernier était d’ailleurs déjà derrière les platines dans 1984). Talentueux et aux influences old school, ses instrus et samples correspondent bien au flow de VII, en y ajoutant une ambiance tantôt malsaine, tantôt mélancolique. Les beats sont d’ailleurs prenants et référencés, et l’amateur de Metal pourra facilement reconnaitre des instrus remixé (comme « The Unforgiven » de Metallica dans la chanson « Funérailles Electriques », ou encore « Septuagint » de Obscura dans « J’irais Cracher Sur Vos Tombes »).

Un aspect intéressant de VII est son engagement contre la société capitaliste. Dans des morceaux comme « La Mort d’Un Monde », « Funeste Empire » ou « Trois Jours de Ténèbres », les paroles se veulent bien plus dénonciatrices à l’égard des actions des états occidentaux à travers l’Histoire, de l’interventionnisme à outrance aux exactions gouvernementales, en passant par le néocolonialisme auquel s’adonnent les pays du G8 ou le contrôle du Monde par des élites financières et aristocratiques. Préparez-vous à de sévères prises de consciences.

De plus, le rappeur est d’une productivité et d’une qualité régulière, quasiment un album par an depuis 2008, d’en moyenne quatorze morceaux. Cependant, chaque album a son identité propre, et contient bon nombres de chansons dérangeantes et subversives (certaines ont pour thème des tueurs en série célèbre comme Charles Manson, Jeffrey Dahmer ou Richard Ramirez, et d’autres racontent des scènes de meurtres très détaillées sortant tout droit d’un film d’horreur issu du cinéma bis des années 70/80). Il est tout de même bon de noté que depuis la sortie de son dernier album Eloge de L’Ombre en 2015, VII abandonne cet aspect, pour se concentrer sur des textes plus intimistes et personnels, déjà présents dans ses albums antérieurs.

Parlons rapidement du dernier projet du label : Beyond The Grave. En résumé, prenez 1984, changez les paroles par l’anglais du rappeur J Merk, en gardant DJ Monark aux beats, et vous obtenez BTG,et un bon coup de cœur pour ma part. Visions of Mythra est un bon premier album, en espérant que le groupe ne connaisse pas le même destin que 1984.

Enfin, il serait inutile et peu pertinent de faire une liste complète des albums et featurings de VII, ce qui est d’ailleurs déjà fait sur le site officiel du label, mais s’il devait y avoir un album que je recommanderais pour découvrir son univers, c’est bien le premier opus de la trilogie Inferno, datant de 2010 : La Jeune Fille et La Mort. Il résume et condense, à mon sens, tous les aspects de cet univers torturé et désabusé qu’est celui du rappeur. Je ne peux ainsi que vous inviter, si vous avez l’esprit curieux et l’estomac accroché, à voyager dans ce monde à la violente noirceur qu’est le rap de VII, vous n’en sortirez surement pas indemne, mais indubitablement grandis.


Clip de Trois Jours de Ténèbres :


Voici quelques liens où vous pourrez écouter, suivre et vous renseignez sur VII et sur Rap And Revenge :


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