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Coup d'oeil sur ... Nuit Debout

Vous n’êtes surement pas sans savoir que depuis le 31 mars se tiennent, un peu partout dans les grandes villes françaises, des rassemblements populaires qui se sont auto-définis comme « Nuits Debout ». Spontanées, engagées et humaines, ces festivités sont originellement nées dans la contestation du projet de Loi Travail proposé par la ministre du travail Myriam El Khomri, mais se sont petit à petit élargies vers des revendications altermondialistes, ou marginalisées depuis des années par les médias et le monde politique.

J’ai eu l’occasion d’aller à deux reprises à la Nuit Debout se déroulant depuis deux semaines maintenant, à Paris, sur la Place de la République, le vendredi 8 et le samedi 9 avril, et j’ai donc décider de vous donner mon point de vue et mon ressenti à propos de ça, en soulignant tout de même que je ne suis pas un militant ou un organisateur du mouvement, bien que la cause derrière me touche particulièrement.

Il est bon de noter que l’emplacement n’a pas été choisi au hasard, puisqu’en un an, ce lieu à symboliser le citoyen plus que l’Etat, et devient maintenant le royaume de « l’humain », où chacun est bienvenu, du moment qu’il n’arrive pas avec des envies malintentionnées, pour débattre, s’insurger ou seulement flâner dans les allées de ce vrai petit village en plein cœur de la capitale.

Car ce qui interpelle quand on sort par la sortie 1 de la station de métro de République, ce ne sont pas les CRS, mais toutes les tentes dressées un peu partout, donnant l’impression de se trouver en festival, ou dans un "bidonville" pour les plus farouches opposants au mouvement. Ces tentes de fortunes, souvent constituées de matériaux de récupération, abritent des espaces variés, comme un accueil, une cantine (à prix libre), diverses commissions et zones de débats, où l’on peut s’arrêter, entrer ou sortir à sa guise.

Et si il y a bien une caractéristique à retenir de ces journées à la Nuit Debout de Paris, c’est bien cette importance donnée au débats d’idées et à l’échange d’opinion, voués à rendre crédible une vrai alternative hors du système politique en place, et loin des enjeux de querelles de partis et des intentions électorales. Avec des assemblées générales tous les jours à 18h, et un programme très dense des débats prévus dans la journée (disponible à l’accueil), la Nuit Debout ne cherche pas qu’à protester, mais également à proposer une alternative vraiment démocratique. Pour éviter un zoo de tous les diables lors de ces échanges d’idées, un code gestuel a été instauré, pour montrer, sans animosité, ses réactions face à des propos, ces derniers donc d’ailleurs affichés un peu partout sur la place, et assez facilement trouvable sur internet.

Ces idées, comme dit précédemment, sont souvent les idées altermondialistes ou marginales que l’on peut généralement trouver dans les ZAD (Zones À Défendre) comme l’aéroport de Notre Dame des Landes, ou le Barrage de Sivens. Et elles se retrouvent souvent dans les discours à République, en plus des idées égalitaires ou humanistes. Un autre point que mettent en avant les défenseurs du mouvement est le fait que les Nuits Debout soient le résultat d’une convergence des luttes, dans une période de ras le bol général, après des années de contrôle étatique de plus en plus étouffant pour les individus, comme le moment où l’unité est obligatoire pour les différentes revendications et idéologies, et ces derniers affirment que la Loi El Khomri a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.

Pour finir, je voudrais parler de l’ambiance si particulière qui règne Place de la République, où quel que soit la météo ou la tension générale, s’installe une sorte de béatitude pour le curieux venant observer cet évènement si singulier. Quand je parlais de festival plus tôt, c’est réellement parce que l’ambiance m’a fait me remémorer des festivités comme la Fête de l’Humanité (à une échelle bien réduite, évidemment), où l’on passe des débat passionnés à des concerts (surtout la nuit tombée), de murs de son à des stands de nourritures variées et provenant des quatre coins du monde, mais toujours avec une politesse et un respect des autres, malgré le nombre important de personnes présentes. On se surprend à discuter avec tout le monde et personne, à demander leurs histoires et leurs convictions à ces gens que l’on évite d’habitude, à débattre à n’en plus voir passer le temps autour de sujets de société comme la place des élites dans la République, le féminisme et l’égalité homme-femme, l’écologie, l’économie, les représentations médiatiques, etc.

Je finirais cet article (bien plus sérieux que d’habitude) sur deux choses, en vous invitant à aller consulter le site http://www.nuitdebout.fr/ qui est très bien fichu, et explique bien les revendications du mouvement (tout en permettant des rediffusions et streamings des AG), mais surtout en vous recommandant chaudement d’aller faire un tour dans une Nuit Debout, qu’elle soit à Paris, Nantes ou Montpellier, pour vivre cette occasion de se réapproprier l’espace public, de façon pacifique. Après tout, nous ne savons pas combien de temps cela va encore durer ! Alors n’hésitez pas à y aller, ne serait-ce que pour une ou deux heures.


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