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On a tous déjà ... voulu vivre comme un hippie

Vous étiez tranquillement installée devant votre télé quand vous êtes tombée sur ce magnifique reportage sur l’écologie et le développement durable.

Réchauffement climatique, disparition d’espèces animales, destruction de la forêt amazonienne, gaz à effet de serre. Rien de mieux pour dégouter votre pauvre petite âme fragile de la société dans laquelle nous vivons. Et c’est alors que vous prenez une grande décision, une décision qui – vous en êtes sûre- va changer la face du monde. Ou tout du moins votre vie. Vous allez changer vos habitudes, changer votre mode de vie, changer, pour vous rapprocher le plus possible d’une vie saine et en harmonie avec la nature. Fini la télé, fini la voiture, fini tous ces gadgets inutiles qui polluent et abîment votre pauvre planète. Votre décision est prise, et elle est irrévocable. Vous allez vivre comme une hippie parmi les hippies.

Par chance, vous connaissez un de ces spécimens : votre sœur. Depuis maintenant cinq ans elle vit de ses propres récoltes en Ardèche avec toute une bande d’hurluberlus comme elle.

Sans hésiter un instant, vous sautez sur votre téléphone pour la prévenir de votre arrivée imminente dans sa tribu. Mais vous vous arrêtez net. C’est vrai, elle n’a pas de téléphone. Qu’à cela ne tienne ! Vous sautez dans votre voiture –la voiture ! Quelle horreur ! Vous polluez ! Mais bon… c’est un mal pour un bien- et foncez en Ardèche. Par chance, vous vous souvenez de l’adresse.

Après de longues heures de route, vous arrivez enfin chez votre sœur.

"Quel magnifique endroit !", pensez-vous. En effet, le domaine est splendide, mais vous ne voyez aucune habitation nulle part. Où vivent-ils tous ?

Alexane, - votre sœur- vous aperçoit. Elle est habillée d’une longue robe paysanne qui lui tombe jusqu’aux pieds et un mélange de plumes et de fleurs lui garnissent les cheveux.


"Mandou ! s’exclame-t-elle en vous serrant fort dans ses bras (Mandou c’est vous). Tu tombes à pique, on allait justement manger. Viens que je te présente à la smala."


C’est tout Alexane ça ! Elle ne s’étonne même pas de votre présence.

Vous arrivez donc au milieu de toutes ses têtes inconnues qui vous regardent chaleureusement et qui vous saluent avec sympathie. Tous sont pieds nus, assis par terre, guitare sous le bras, ukulélé en main. Et ça chante, ça rigole, des poules passent en courant devant vous, des lapins gambadent en liberté. "C’est ça la vie !", pensez-vous en enlevant à votre tour vos chaussures. Et on vous fait passer quelques légumes –complètement bio bien sur, et de saison puisqu’ils les ont fait pousser eux même, et vous vous mettez à grignoter. Les discussions reprennent, la bonne humeur est au rendez-vous, vous vous sentez vraiment bien.

Et puis le soir commence à tomber et la fatigue vous envahit. Vous demandez donc à Alexane où vous pourriez dormir, et elle vous répond, le plus naturellement du monde que vous pouvez dormir absolument où vous voulez.


"Il y a des duvets dans la cabane ! ajoute-t-elle ; ou sinon il y a toujours la yourte, il y fera plus chaud si tu préfères."


Vous vous relevez donc pour voir dans la « cabane » et trouver ces fameux « duvets », mais vos pieds nus bien trop douillets vous rappellent que vous avez encore besoin de vos chaussures. Arrivée à la cabane vous découvrez quelques petites couvertures en patchwork sans doute fabriqués par Alexane elle-même. Les patchworks, elle à toujours adorée ça. Vous en choisissez un, et vous dirigez vers la fameuse yourte.

Lorsque vous entrez dedans, vous ne voyez absolument rien. Bien sur, pas d’électricité. Vous vous installez donc tant bien que mal dans la yourte et vous endormez paisiblement sur un sol dur.

Le lendemain, 6h, vous êtes réveillée par le chant d’un coq et une envie pressante d’aller aux toilettes. Vous vous levez, Alexane est déjà debout. Elle vous accueille de nouveau par une accolade chaleureuse, et lorsque vous lui demandez ou vous pourriez aller soulager votre vessie, elle vous répond qu’ un petit coin a été aménagé exprès un peu plus haut dans la forêt. Vous avez eu beau chercher, vous n’avez rien trouvé d’autre que des arbres, toujours des arbres et encore des arbres. Vous avez donc fait… derrière un arbre.

Puis ça a été le petit déj’, malheureusement pas de lait, ici, tout le monde est végétalien, ni de céréales, ni de chocolat, seulement des fruits. Et puis ça a été l’heure de la toilette. Alexane vous a donc emmenée aux « douches ». En fait c’était la rivière. La rivière d’eau glacée. Au début vous avez cru à une blague, mais quand vous avez vu tout le monde se dévêtir et se glisser dans la rivière pour se décrasser, vous avez compris que c’était comme ça tout les jours. Vous avez alors suivit le mouvement, mais aïe ! L’eau à 15°C ça pique !

Et puis le repas de midi, de nouveau des légumes, certes, bio et de saison… mais… un bon steak n’aurait pas été de refus.

Et puis la nuit tomba de nouveau. Vous retournez dans la yourte, où il y fait toujours aussi noir. Et en plus le duvet vous gratte. Et il fait froid. Et c’est presque flippant ce silence…

En fait la ville vous manque. Votre petit confort, votre lit douillet, votre salle de bain, vos vrais repas… surtout votre pot de nutella… et puis le bruit. Le bruit aussi vous manque. Peut être même la pollution.

Alors d’un coup, vous sautez sur vos pieds, chopez vos chaussures et foncez à votre voiture. Direction la ville.

Finalement vous serez une hippie, oui, mais une hippie de loin.


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