Un peu de sérieux ... L'Europe
Crises économiques majeures. Poids politique non négligeable. Effacement des identités nationales. Construction d'une souveraineté nouvelle, et coopérative. Faiblesse. Force.
Au sein de l'Union Européenne, deux camps s'opposent souvent. Qui croire ? Qui suivre ? Pour quoi se battre ?
Depuis 66 ans, la France fait partie de cette entité économique d'abord, politique ensuite, qu'est l'Europe. Bien sûr, on ne peut nier que l'ascension des institutions européennes, l'intégration de plus en plus de pays, jusqu'à en accueillir 28 aujourd'hui, l'instauration d'un marché commun et la mise en place d'une monnaie unique sont les résultats du monde capitaliste dans lequel nous vivons. Il est évident que les couches sans fin de l'administration européenne, sa complexité et la méconnaissance qui l'entoure sont un frein à l'envie de faire partie d'un si grand fouillis.
Pourtant, à l'heure où le Royaume-Uni, qui avait -après de multiples tentatives- rejoint les rangs de la Communauté Economique Européenne en 1973, est en pleine négociation de sortie de l'Union Européenne, il est important de se poser les bonnes questions. Nos vies, en tant que français, seraient-elles réellement améliorées sans l'Europe ?
Faire partie d'une entité régionale, organisation supranationale européenne, effacerait, pour certains, les identités nationales. Nous sentons nous moins français lorsque les députés, élus par nos soins, s'en vont voter à Bruxelles ? Il n'y a qu'à voir les différences de gouvernements internes au sein des membres de l'UE pour se rendre compte que l'Europe est loin d'imposer une pensée unique sur le continent. La Suède, monarchie constitutionnelle parlementaire, membre depuis 1995, est dirigée, depuis 2014, par le SAP (Parti Social-Démocrate Suédois des travailleurs), allié au parti écologiste. Quant à la Pologne, République Parlementaire intégrée à l'Union Européenne en 2004, elle fait souvent sensation par rapport aux idées conservatrices, et eurosceptiques, du gouvernement d'Andrezj Duda, élu en 2015 à la tête du pays.
L'Europe coûte-t-elle trop cher aux Français? Regardons d’un peu plus près; connaissons-nous vraiment les chiffres qui nous permettent d'émettre cette pensée ? En 2015, la France a fourni 19,01 milliards d'euros à l'UE, cela représente à peu près 13% des dépenses nationales. En contrepartie, le pays a touché, la même année 14.5 milliards d'euros de la part de l'organisation, c'était 11% des dépenses européennes. A notre niveau d'étudiants fauchés, ces sommes exorbitantes sont presque indécentes ; au niveau étatique, le sont-elles autant ?
Il est aussi primordial que tout le monde sache ce que l’Union Européenne nous a permis, nous permet aujourd’hui et nous permettra encore, je l’espère, de faire. A notre échelle d’étudiant, nous apprécions tous l'idée de la libre circulation des biens et des personnes, c’est à dire ce qui nous permet d’aller passer un weekend en Espagne, Italie, Allemagne, Belgique ; il n'y a plus qu'à choisir, sans avoir à demander de visa, sans passer par la douane ! Toujours pour nous étudiants, combien d’entre nous partons en échanges ERASMUS ? Les échanges universitaires nous permettent de pouvoir élargir nos horizons, nos connaissances, à celles des autres peuples, traditions qui chacune forme l’Union de 28 que nous connaissons aujourd’hui.
La libre circulation permet également à plus de 350 000 français d’aller travailler chaque jour de l’autre côté de la frontière ; de pouvoir acheter des produits quels qu’ils soient provenant des autres pays du marché commun sans avoir à payer une taxe supplémentaire, et réciproquement, de pouvoir aller vendre notre fromage, notre vin et toutes les bonnes choses que nous savons produire en France plus aisément.
Si vraiment vous avez des doutes demandez à ceux qui ont connu la France sans les avantages du marché commun. Lorsque du jour au lendemain les biens se retrouvaient bloqués à la frontière. Les témoignages, de plus en plus rares, de l'époque où la France ne s'inscrivait pas dans cette chance qu'est l'Europe, nous permettent de comprendre les enjeux qui nous font face aujourd'hui.
Le besoin de réformes est indéniable, celui de la discussion inclusive également. Nous sommes tous conscients des limites de notre organisation, de ses défauts et de ce qui donne envie à certains de la quitter. Il est peut-être temps d'ouvrir les yeux sur ce que cette entité nous apporte, au quotidien, mais aussi sur la scène internationale. Quittons nos habits d'utopistes et imaginons un instant quel serait le poids de la voix française, sans ce mur porteur qu'est l'Europe, construit à force de destruction des cloisons entre les peuples -là encore quelques-uns verront sans doute, s'appuyant sur les dires de Schumpeter, une preuve que le capitalisme nous a pourri jusqu'à la moelle ; mais face à des Trump ou Poutine, dans un monde multipolaire où tous les centres combattent les mêmes démons, pensons autrement qu'en devises.